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Photo du rédacteurInspection Laliberté

Rénovation : quand l’isolant extérieur fait pourrir les murs

Sans toujours en être conscients, les rénovateurs sont souvent des environnementalistes ! En effet, ils prolongent la durée de vie des bâtiments existants et utilisent beaucoup moins de matériaux et de ressources que les constructeurs pour améliorer les espaces de vie. Ainsi, si on compare les travaux de rénovation d’une vieille maison à la construction d’une nouvelle demeure, on constate rapidement qu’il s’agit d’un choix judicieux de développement durable.


Toutefois, rénover comporte également des risques que l’on doit bien évaluer. Une maison est une combinaison de plusieurs systèmes qui sont en continuelle interaction. Si vous êtes un rénovateur pressé qui néglige de consulter des experts avant d’entreprendre des travaux, vous risquez de faire des erreurs majeures que vous pourriez regretter longtemps. Parmi les erreurs les plus importantes et les plus courantes, une mauvaise estimation de la perméance des murs à la vapeur d’eau est celle que vous pourriez commettre lors de l’isolation des murs extérieurs d’une vieille maison.


Perméance à la vapeur d’eau


Les murs extérieurs d’une maison sont composés d’un assemblage de matériaux devant assurer l’isolation thermique et l’étanchéité du bâtiment à l’eau, à l’air et à la vapeur d’eau. Afin de satisfaire aux particularités de chacune de ces fonctions, il est essentiel de s’assurer que les matériaux employés sont adéquats et qu’ils sont assemblés de la bonne façon. Idéalement, vous aurez consulté un spécialiste en enveloppe du bâtiment (architecte, ingénieur, technologue, etc.) avant de vous attaquer à ce genre de travail.


Durant l’hiver, l’air intérieur des maisons contient de l’humidité produite par la vapeur d’eau qui se répand naturellement à travers les matériaux des murs extérieurs. Cette diffusion naturelle de l’humidité est habituellement ralentie par le pare-vapeur du mur. Toutefois, malgré l’efficacité de cette membrane, une part appréciable d’humidité finit par traverser le mur au-delà du pare-vapeur.


Cette humidité peut ainsi migrer dans la partie froide du mur où elle risque de s’accumuler, de se condenser, de créer de la moisissure et de faire pourrir certains matériaux. Pour éviter de tels problèmes, l’humidité qui se déplace dans la partie froide du mur doit pouvoir circuler librement vers l’extérieur du mur. Or, les rénovateurs inexpérimentés oublient souvent cette importante considération. Avec le temps, l’humidité pourrait affecter sérieusement l’intégrité et la durabilité de l’ossature murale.


Lorsqu’un mur comporte un matériau qui pourrait restreindre de façon importante la diffusion de la vapeur d’eau, il est préférable de l’installer à un endroit où la température est suffisamment élevée pour éviter la condensation, soit du côté de l’assemblage mural qui est exposé à la chaleur, donc à l’intérieur. De cette façon, et si les matériaux sont bien étanches à l’air et à l’eau, la cavité murale restera au sec dans sa partie froide, là où les risques de condensation sont plus importants. La perméance représente la propriété d’un matériau de diffuser la vapeur d’eau, c’est-à-dire sa capacité d’agir plus ou moins comme un pare-vapeur.

La perméance est exprimée en nanogramme/(Pascal x seconde x mètre carré) dans les fiches techniques des fabricants de matériaux. Selon le Code de construction du Québec (CCQ), il est préférable d’installer les matériaux qui possèdent une perméance inférieure à 60 ng/(Pa·s·m²) du côté chaud de l’ossature murale.


Toutefois, le CCQ stipule aussi que les matériaux à faible perméance peuvent être installés à n’importe quel endroit du mur à la condition d’avoir un minimum d’isolation du côté extérieur. Ce minimum est exprimé par un ratio selon la région climatique du bâtiment. On obtient ce ratio en divisant la résistance thermique en valeur métrique ou internationale (RSI = valeur R impériale divisée par 5,678) de l’isolation extérieure par celle de l’isolation intérieure. Ratio = RSI total du côté extérieur/RSI total du côté intérieur.

Pour ce calcul, l’isolation extérieure est celle qui est posée du côté extérieur du matériau à faible perméance à la vapeur d’eau, et l’isolation intérieure est celle qui est installée du côté intérieur de ce même matériau. Ce ratio doit être d’au moins 0,20 pour les régions de Montréal, de l’Estrie et de l’Outaouais, de 0,30 pour les régions de Québec et du Saguenay, et de 0,35 et plus pour les régions plus au nord (voir à ce sujet l’article 9.25.1.2 du CCQ). Toutefois, les ratios du CCQ représentent des valeurs minimales qui peuvent quand même engendrer une faible quantité de condensation dans les murs. Il est donc plus prudent de prévoir un ratio un peu plus élevé pour éliminer tout risque de condensation.


Les solutions les plus courantes

Pour satisfaire aux exigences du CCQ, l’industrie utilise surtout deux méthodes.


La première consiste à n’utiliser aucun matériau à faible perméance du côté froid du pare-vapeur. Cette méthode requiert donc la pose de panneaux de fibres de carton ou de polystyrène expansé à perméance élevée ou moyenne du côté extérieur du mur. Ainsi l’humidité qui traverse le mur pourra toujours se dissiper convenablement sans s’accumuler et condenser dans la partie froide du mur.


La deuxième méthode consiste à n’utiliser que des matériaux isolants possédant une très bonne résistance thermique du côté extérieur. Cette méthode requiert la pose de panneaux de polystyrène plus épais (RSI 1,32 ou R-7,5 et plus selon la région climatique). De cette façon, toute la cavité murale restera chaude en hiver, ce qui élimine les risques de condensation.


La deuxième méthode consiste à n’utiliser que des matériaux isolants possédant une très bonne résistance thermique du côté extérieur. Cette méthode requiert la pose de panneaux de polystyrène plus épais (RSI 1,32 ou R-7,5 et plus selon la région climatique). De cette façon, toute la cavité murale restera chaude en hiver, ce qui élimine les risques de condensation.


Il est donc très important de vérifier la perméance à la vapeur d’eau des matériaux utilisés dans la composition des murs extérieurs avant de les rénover. La meilleure solution consiste à demander à un spécialiste d’évaluer les propriétés des composantes originelles (avant travaux) de l’ossature murale, de vous aider à déterminer la composition finale (après travaux), et de vous guider dans le choix des matériaux à utiliser.


Source: Maison Saine


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